dimanche 4 novembre 2007

Un article de L'Est Républicain. Cas : Fatiha BOUCETTA.

BATNA /
A LA VEILLE DE LA VISITE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
L’affaire de la cité 1000 lits/filles, grave menace sur l’ordre public ?

Ali Benbelgacem.
L’affaire de la cité universitaire résidentielle 1000 lits/filles de Batna a négativement évolué depuis une semaine, enregistrant des faits gravissimes constituant objectivement une sérieuse menace sur l’ordre public à la veille de la visite du président de la République à Batna.

Personne ne doute dans la capitale des Aurès qu’il s’agit d’un complot fabriqué de toutes pièces par les « rentiers » des œuvres sociales universitaires de Batna. Destituer la directrice de la cité 1000 lits/filles de Batna, en l’occurrence Mme Boucetta, de sa fonction par une décision où l’on ne retrouve nulle part le motif censé la justifier, de surcroît à peu de jours de la venue du chef de l’Etat prévue à la cité, dépasse l’entendement humain. Plus qu’une affaire ordinaire et banale, cette affaire Boucetta défraie la chronique à Batna où juristes de tous bords sont perplexes. C’est un complot occulte dans ses actes préparatoires et ayant sans doute des commanditaires locaux qui a été exécuté de sang-froid via une décision administrative apparemment maladroite et empressée, à coloration politique certaine et sans aucun argument juridico administratif.
Même une fin de mission, somme toute légale et ne devant susciter aucune réprobation, s’appuie généralement sur une motivation qui ne prêterait à aucune équivoque ou fausse interprétation. En outre signifier à une directrice la fin de sa fonction spécifique de responsabilité à une semaine près d’une visite du chef de l’Etat qui doit, selon le programme officiel, se rendre à cette cité universitaire, constitue une bavure inexplicable aussi bien dans le fond que dans la forme. De nombreux observateurs parmi les cadres universitaires dont le corps professoral, s’inquiètent du point de non retour atteint par l’illégalité, l’anarchie et la gabegie. Comment apprécier ce complot de Batna dans toute sa dimension ? C’est bien le directeur général de l’office national des œuvres universitaires (ONOU), seul détenteur du pouvoir de nomination donc corrélativement de révocation, qui a décidé de mettre fin à la fonction spécifique de Mme Boucetta. Cette pilule aurait passé d’une manière douce s’il n’y avait dans le fond de l’affaire des éléments probants qui font réellement croire à un complot plutôt qu’à une gestion courante.
Primo : même si Mme Boucetta n’est pas éternelle au poste spécifique de direction (nul n’étant indispensable y compris le directeur général de l’ONOU / Alger et les « rentiers » des œuvres universitaires de Batna), il n’en demeure pas moins que les commanditaires de l’acte administratif ont pêché par précipitation, ce qui cacherait mal leurs appétits et leur culot. De plus, pourquoi Mme Boucetta devrait s’effacer juste à la veille de la visite du président de la République, au moment même où à l’intérieur de la cité des travaux d’aménagement étaient activement entrepris sous la direction conjointe de la Wilaya et de la DLEP en préparation justement de cette visite officielle.

Mme Boucetta pro Bouteflika

Secundo : le problème révèle en soubassement une guerre syndicale. Sur les neuf (9) cités universitaires cités universitaires résidentielles pas moins de huit (8) cités sont affiliées au syndicat UGTA, une des anciennes organisations de masse de l’ex-parti unique en l’occurrence le FLN. Seule la cité 1000 lits/filles dirigée par Mme Boucetta est à tendance syndicale SNAPAP à un taux de cent pour cent. Ces derniers jours, les syndicats UGTA des cités universitaires ont mis tout le bazar universitaire en grève pour diverses revendications socio-professionnelles. En revanche, les140 travailleurs de la cité des 1000 lits/filles qui obéissent aux mots d’ordre de leur syndicat SNAPAP n’ont pas suivi le mouvement UGTA déclenché dans les autres cités universitaires. Ils ont assuré la bonne marche des missions quotidiennes de leur cité en ayant un œil sur la préparation de la visite de M. Bouteflika à la cité. Les ingrédients d’une guerre syndicale sont donc visibles à l’œil nu. Il y a intolérance au pluralisme syndical et les gens de l’UGTA veulent être les seuls maîtres à bord sans concurrents ni contradiction.
Tertio : la sympathie politique affichée ouvertement par Mme Boucetta à l’égard de la personne du président Bouteflika serait-elle la cause principale et directe de son éviction de son poste ? C’est une certitude si l’on part du constat que les syndicats universitaires de l’UGTA rouleraient, fausse discrétion oblige, pour le clan des pro-Benflis. Ils savent que Mme Boucetta fréquente la « zorna » du dissident et député Mohamed Khédir, chef de file des pro-Benflis à Batna. Mohamed Khedir étant dissident depuis que Ali Benflis, S.G. du FLN, l’eut remplacé à son poste de Mouhafedh par une autre personne. La thèse de la guerre politique étant donc indiscutable…

Manœuvres occultes des rentiers locaux

Quatro : l’autre argument de poids que nul ne doit sous estimer est la course effrénée à la rente universitaire. La cité 1000 lits/filles gère un portefeuille financier consistant et il est même prévu officiellement sa progressive transformation en véritable ville universitaire de 6000 lits, ce qui entraînera une conséquente multiplication de son budget annuel ainsi que le nombre et le volume des marchés à passer avec les fournisseurs privés, les entrepreneurs, etc. L’éviction de Mme Boucetta de son poste de directrice fait-il partie, logiquement parlant, des manœuvres occultes de rentiers locaux cherchant à tout prix à faire changer de mains la direction de la cité 1000 lits/filles, future mine d’or ? En fait, un gros morceau pour le fonctionnaires et responsables universitaires affairistes.
Depuis samedi 20 septembre, le torchon brûle et les rancoeurs s’exacerbent. L’entrée en grève à titre de solidarité des travailleurs de la cité 1000 lits/filles a évolué vers une grève de la faim de 15 personnes dont 2 hospitalisés aux urgences du CHU.
Mme Messaouda Bouabdellah, femme de ménage, et Bensbaa Nadjib dont les médecins ont décelé un début d’hépatite. Celui-ci a vivement critiqué l’attitude très négative du délégué régional de l’ONOU Chafaa Abbès qui est allé à la cité menacer les travailleurs d’un prochain licenciement collectif. Le même Chafaa Abbès aurait déclaré le 21 septembre sur l’antenne de la radio de Batna que « la directrice Boucetta avait un problème avec l’UGTA ». Rien de moins. Le 21 septembre également, un groupe de 350 travailleurs venus des autres cités (celles de l’UGTA) dans une tentative de pénétrer de force à la cité 1000 lits/filles en vue d’installer Khenchali Ayache comme nouveau directeur. L’action du lobby ngaoussi est en marche. Khenchali fut 17 ans durant directeur d’une même cité universitaire –cité Tchouri Amar, ce qui est paradoxal en soi, on raconte ça et là à son sujet qu’il s’est fait construire une villa d’un coût de plusieurs milliards de centimes avec piscine et sauna. Même si cela n’est pas vérifié dans le détail (les services spécialisés ont certainement des dossiers qui seront actionnés en temps voulu ou ne seront jamais actionnés !?), la rumeur finit toujours par se confirmer à Batna.
Mme Boucetta est donc harcelée. Cette sociologue qui fut directrice des études à l’institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan puis directrice de 3 cités universitaires à Batna depuis 1988, alors que Khenchali Ayache, certains ont choisi pour son remplacement, n’aurait que le niveau de terminale.
Finalement, Mme Boucetta ne pouvait être que victime des affairistes des milieux universitaires devant le silence hypocrite des pouvoirs publics.

Source : Le quotidien algérien "L’Est Républicain" n°1057, rubrique : Actualité, édition du 30 septembre 2003

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